18 mars 2019

mâchure ses mes ventre à l'amour


Je serrai Miriam contre moi, sentis sa peau frémissante. Son visage toucha le mien, ses lèvres mâchurèrent ma bouche blessée.
Sans douleur, nos bouches se confondirent. Sa peau fraîche traversa la mienne, ses nerfs firent circuler dans les miens leur vif-argent, le flux de ses artères déversa chaleur et tendresse jusque dans les plus secrets recoins de mon corps.
Elle disparut en moi pendant notre étreinte. Son thorax se fondit dans le mien, ses bras se mêlèrent à mes bras, Ses jambes et mon ventre devinrent mes jambes et mon ventre. Son vagin me comprima le sexe.
Je sentis sa langue dans ma bouche, la morsure de ses dents sur les miennes. Ses yeux s'unirent aux miens par la fonte de nos rétines. Notre vision brouillée nous communiqua les images multiples enregistrées par les yeux à facettes de notre être chimérique.
Alors, je vis doublement ce qui m'entourait, par les yeux de Miriam aussi bien que par le miens. Je perçus dans nos esprits son vertige nerveux, la confiance et l'amour qu'elle me portait. Chaque fleur, chaque feuille du parc brillèrent d'autant plus et composèrent une forêt de verre luminescent, oeuvre d'un maître joailler 


J.G. BALLARD, Le rêveur illimité, Tristam Souple 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

quoi, qu'est-que vous dites ?