18 décembre 2019

tellement qu'ils qu'un tout p'tit pli




Que je me disais


Mais qu’est-ce donc faudrait faire
Que je me disais en regardant la mer.

Qu’est-ce donc faudrait faire?

Qu’est-ce donc faudrait faire pour que ça change?

Pour que ça change un petit peu, qu’un tout petit peu.

Pour que ça bouge, que ça se déplace d’un tout petit peu, 
pour que ça se déplace dans le bon sens.

Qu’est-ce donc faudrait faire pour que ça se déplace dans le bon sens?
Qu’un peu, qu’un tout p’tit peu 

Que je me disais en regardant la mer.

Pas grand-chose, un peu, un tout p’tit peu, 
quelques millimètres dans le bon sens, 
juste dans le bon sens, que je me disais.

D’abord y faudrait qu’ils arrêtent de regarder de dessus, faudrait qu’ils arrêtent pour que ça bouge, 
pour que ça se déplace un peu, un tout p’tit peu, 
faudrait qu’ils arrêtent de regarder de dessus. 


Faudrait qu’ils se déplacent, 
faudrait qu’ils regardent de côté, 
faudrait qu’ils regardent de côté , qu’ils regardent pareil, faudrait qu’ils regardent pareil à la même hauteur, la même ligne, 

Faudrait qu’ils regardent la même ligne 
à la même hauteur 

que je me disais en regardant la mer.

Faudrait qu’ils fléchissent les jambes, 
Faudrait qu’ils plient les genoux un peu un tout petit peu, 

Faudrait qu’ils s’accroupissent, qu’ils s’accroupissent 
Et qu’ils regardent de côté pour qu’ils voient 
Que nos jambes sont pliées au niveau des genoux, Qu’elles sont bien pliées, bien, bien pliées. 


Faudrait qu’ils voient 
Comment que nos jambes sont grandes, 
Comment qu’elles sont grandes repliées sur elles-mêmes, Nos grandes et longues, longues, 
longues jambes repliées sur elles-mêmes. 

Faudrait qu’ils se rendent compte 
Qu’ils ne sont pas si grands pour que ça se déplace, 
Pour que ça bouge un peu, un tout petit peu. 

Que je me disais en regardant la mer


Faudrait qu’ils se rendent compte 
Qu’ils ne sont pas au-dessus, 
Tellement qu’ils se croyaient grands, ils étaient debout, Ils étaient debout et ils nous regardaient de dessus 
Ils étaient debout et nous assis avec nos longues, 
Longues jambes repliées sur elles-mêmes. 

Faudrait qu’ils se rendent compte 
Qu’ils ne sont pas si grands et qu’on n’est pas si p’tit. 
Faudrait qu’ils se rendent compte que si on se lève, 
Un jour ? un petit peu, qu’un tout p’tit peu que si on se lève, un jour si on se lève…

Que je me disais en regardant la mer.


Patrick SIROT
                                                                                                    
                                                                                      

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