ma vie d'après

d'Intime le ruminant




la connaissance absolue
est l’un des rares privilèges
de la mort
RODRIGO FRESAN, mantra




          aveu          J’étais mort hier.  Je me suis étonné, voulant bien avant.  Mais je suis content. Au milieu des vers et de la terre, on est tous pareils.          hilarant          Ils nous laissent les os et les dents, mais on n’a plus besoin de mâcher les mots.  Alors on se passe des films et, ils se ressemblent tous.  Finalement, c’est drôle d’être mort.          simultanéité           Ils nous chatouillent aux mêmes endroits, et on soulève nos couvercles pour respirer.          paradis          On préfère être dessous et rire rire rire.  On sait qu’on ne peut pas mourir, puisque on est déjà morts.  Et là, on profite pleinement de la vie.




          le ciel          Elle lit en regardant l’effet qu’elle.          On dirait que vous êtes complètement habitée par votre statue d’artiste.          Vous AVE raison (rire de sainte). J’ha… mon… ma... bite, sur toute la longueur.          Quand vous parlez on dirait que vous lisez. Quand vous commencez vos phrases, on dirait qu’elles sont déjà écrites.          Vous AVE raison (rire de sainte). Je ne parle pas, je dirai que j’écris.          Alors pourquoi parler, puisque vous parlezécrivez.          Parce que ha bitée (elle dit) & ses yeux montent au ciel.          (applaudissements)


          l’yeux          Elle le regarde (subrepticement).          Il la regarde ( subrepticement).          Elle. II. Sièges. Remuent (remugles dans la salle).          Sièges. Po. Co. Conférence. Remugles. Piété.          Il la.          Elle le.          (Je vous remercie merci beaucoup).          Il.          Elle.          Voilà.


          bouche pleine          Il boit (bouche ouverte) les images du téléviseur.          Sa femme va lui chercher un verre de vin, et le pose devant son nez. Chéri, tu as soif ?          Il prend le verre, et le verse sur son pantalon.          T’es saoul, ou quoi (elle dit).          J’avais la bouche pleine (il dit).          La bouche pleine d’images, t’es complètement fêlé (elle dit). On dirait que tu t’es pissé dessus. De l’urine rouge (elle rit).          Oh merde, il dit en s’étouffant.  C’est vrai que c’est con cette émission. Et il se lève en titubant.


          le téléphone          Ils sont énormes, et ils sont en bateau.  Ils ont souvent faim, et ils sont en bateau. Il (le monsieur) demande  Est-ce que tu veux un gros sandwich, ou deux petits ?          Un gros (elle dit)    (un moment)    Il  revient avec trois sandwiches.           C’est pour qui, l’autre (elle demande) .          Pour  moi, il répond.          Merde (oui)  (elle dit). Tu aurais pu me demander si je ne voulais pas deux gros aussi.          Après, ils (tous les deux) mangent chacun leur sandwich. Le troisième est posé entre eux deux, et ils décident que le mangera celui qui finira le premier.          Plus tard, le monsieur finit le sien. Alors il (mais le téléphone sonne) prend le téléphone, et.          (elle) elle prend le sandwich.          On ne sait pas, si le poème finit bien, ou mal.


          la foudre          Ils marchent lentement, l’un  devant l’autre.          Elle se retourne, et le regarde.          Il tombe à la renverse.          Une femme peut-elle foudroyer, impunément, un homme (c’est une question) .  Ou bien : l’homme n’en est pas (un)  (c’est question).



          rajout          J’étais mort hier.  Je m’en suis rendu compte ce matin, tout à fait par hasard, quand j’ai voulu prendre ma chemise à carreaux rouges et jaunes… ceux-ci étaient trop petits tout d’un coup.  Il m’a fallu rajouter des jaunes.  Je vous dis pas la gueule des rouges.          problème          Demain, je changerai de chemise.  En attendant, c’est une sale affaire.  J’ai toutes les peines du monde à caser mes carreaux jaunes.  Les rouges font une obstruction terrible.  Me voilà avec une grève sur le dos.           regret          Demain, je ne suis plus en bras de chemise.  J’ai pris un tee-short noir parce que c’était le seul sans manche.  Mais il colle à la peau quand il fait chaud, et en plus il déteint.  Or je transpire. Il fait donc chaud.  Je le quitterai bien, mais comment faire pour le décoller.  Fffff, mouiller la chemise.


          la poêle          Son amie dit  J’ai un wok, c’est super pour faire revenir les légumes.          Pourquoi faire revenir les légumes quand ils sont déjà là dans la poêle (elle dit).          Pour mieux les faire sauter.          Ils sautent autant dans la poêle (elle ajoute).          Oui mais, y en a de partout.          Tu mets un couvercle et ils ne débordent pas (elle insiste).          Mais tu ne les vois pas sauter.          Sauter dans la gorge, moi, ça me suffit. C’est pourtant pas chinois.


          le foret          Son voisin a un 4X4 plus gros que le sien.   C’est terrible.           Chaque matin qu’il sort dans la rue.          TERRIBLE.           Mais lui, il a une femme qui a un 49-3 plus gros, que la sienne.          Ça le console, chaque soir qu’il entre en rut.          Ça va mieux alors, mais, ça  ne suffit pas (il dit). Une question l’occupe  Qui est le plus puissant des quatre. Une autre le taraude  Qui est le moins impuissant.          Ça va moins bien. Mais aussitôt, il se dit  Ce sont des histoires de voisinage.


           le bateau         Son mari aimerait tellement qu’elle fasse ce qu’il aime faire, naviguer par exemple.          Seulement, elle, est malade en mer.          Alors, son mari navigue sans elle, mais pas tout seul. Il l’appelle tous les jours  (plusieurs fois)  pour qu’elle lui dise  Vraiment elle aime, qu’il fasse ce qu’il aime.          Surtout, elle aime qu’il s’en aille. Je peux respirer enfin (elle dit).          Sa fille la comprend, et aussi son ami.          Mais voilà, elle se sent obligée de répondre, et elle ne peut s’empêcher de lui demander  Quand est-ce que tu rentres. Ça, elle ne le comprend pas.          Son  mari (lui) n’arrive pas, à se noyer.


          dix étoiles          Tout de même, son mari et elle se sont offerts un voyage à la réunion.          Très très bien (elle dit), dans un hôtel de luxe. Heureusement (elle dit), ils ont pu prolonger leur séjour. Il faut payer, mais c’est  presque rien.          Et ainsi marcher beaucoup, voir des volcans, et des villages dedans.          C’est magnifique, des fumées de partout, et des cases en branchages. Les gens sont vraiment  gentils.          Ils y étaient au moment du, comment déjà  (chikungunya) . C’est malheureux, ces gens, elle dit. On a pu aider une famille, en vivant  chez eux.


          le bateau          Son  mari est reparti convoyer le voilier d’un industriel.          Il ne peut pas rester en place, il veut toujours faire de grandes choses. Moi, je reste, et j’invite des amis. Je leur rends service.          Elle est un peu perdue (elle dit).          Je ne peux parler à personne de ce que je lis. Personne ne me comprends. Alors je.           (elle ne dit pas)           Quand tu veux, (elle redit à son ami). Quand il n’est pas là.


          le chiffre dix          Chaque matin, il remet son squelette en place, un os après l’autre, – c’est assez long. Puis il met sa peau, qu’il avait pris soin de faire pendre (à un porte-manteau). Après ça, il s’en va (au travail), non sans avoir embrassé le squelette de sa femme (encore sans peau puisqu’encore au lit).          Mais aujourd’hui, quelque chose ne va pas. Lorsque son collègue lui parle de projet, sa peau  (à lui)  lui rentre dans le dos (un endroit précis du dos) et le fait grimacer.          Ça ne va pas ? demande le collègue.          Si, mais j’ai oublié de mettre ma dixième vertèbre  (celle des projets) .          Le collègue est tellement étonné qu’il ( lui ) doit tout lui expliquer.          Alors, va la chercher, et comme ça on pourra se projeter.          Oui mais, je serai absent toute la journée.          Toute la journée, mais comment ?          Parce que (il dit), il faut que ma femme soit là.          ??????  (du collègue)          C’est elle qui doit l’avoir.          ??????          On échange parfois nos os (par amour ou par inattention), et elle travaille aussi toute la journée.          Mais peut-être va-t-elle aussi rentrer. Parce que, si elle a une vertèbre de trop, elle (dit le collègue).          On ne sait pas où la vertèbre a passé la journée (puisque on n’a pas la fin du film).


          le casque          Un homme de couleur ( tendance ), et rétroéclairé, se balad’eur MP3 à toute allure.          Un autre  (homme)  le devance, et brusquement se retourne.          Le balad’eur, concentré, ne le voit pas. Il lui.          Ils se.          Ensuite, les deux cherchent le baladeur, à quatre pattes.          On se demande qui est le mammifère.


          bar de nuit          Elle dit  Vous rentrez boire un verre ?  la nuit est longue. Dit en remontant son, sa, robe  ( sa cuisse, son sourire ) .          Sourit quand repassons, presque satisfaite.          Je croyais que vous reveniez pour moi. Vous me fendez le cœur.          Il, quart de tour… Dort ( presque ) .


          regret          J’.  J’aurais mieux fait de mourir avant-hier.  J’aurais gagné un, enfin, quelque chose.  Mais ça n’a pas.  Ça n’a pas marché.          péremptoire          J’y suis arrivé hier, quand X a dit : je me sens au pieu, au mieux.  De ma création.         lucidité          J’ai bien essayé de corriger sa phrase par devers moi  Au mieux, au milieu de ma.  De ma femme.          excès          Mais je me suis étouffé.  Trop drôle.  De toute façon, j’étais mort.



          les plats          Son fils a mis les pieds dans le plat.          Le fils de son fils les a enlevés.          Son père en a fait tout un plat.          Le plat de la main, qu’ il dit.


          l’yeux          Son fils a deux yeux, mais il ne voit rien.           Son frère lui demande  Pourquoi il ne porte pas de lunettes, ce garçon.          Parce que ( il répond ). On ne voit rien la première fois qu’on se sert de ses ( deux ) yeux.


          le rire          Sa fille est morte de rire.          La sœur de son père l’a ressuscitée.          Son père en a été mortifié.          Morts, i, tu ris, te saluent tante.


          le siphon          Sa  sœur prend des douches.          Lui, il débouche les tuyaux.          Pourquoi déboucher les  tuyaux  (elle demande) .          Pourquoi prendre des douches  (il rétorque) .          Pour plus encrasser les tuyaux.


          50 ans          La femme de son fils doute de son avenir.          Elle lui conseille de prendre du chèvrefeuille.          Son fils lui demande  Pourquoi du chèvrefeuille.          Pour se projeter dans l’avenir, elle dit.


          60 ans          Son frère dit qu’il est écœuré.          Écœuré pourquoi  (il demande).          . . .           Elle m’a pris tous mes cœurs. Elle les utilise pour les autres, et moi je ne veux pas.          Tu ne veux pas quoi  (il demande).          Monter au ciel, ça non. Je préfère être sans cœur.          Mais, sans cœur, on ne peut pas vivre.          Justement.          . . .

          le terme          Son père claudique dans la rue, lentement, lentement.          Tu veux un coup de main, il demande.          Son père lui donne un coup de canne, et il s’effondre aussitôt.


          les affaires          Sa fille n’embrasse jamais son (père), ni sa (moi), elle dit.          Son fils tend juste la joue, comme ça, elle effleure  (elle dit).          Même quand ils sont partis longtemps  (il demande).          Oui, salut, ils disent, et ils déposent leurs affaires… C’est tout.          Il (non rien). Mais il se demande si une douche est plus froide ou moins (froide) qu’une bouche. (il ne peut répondre).


          la pointure          Il appelle sa femme au téléphone  Chérie, je rentre à midi.          ( Elle ) elle dit  Chouette, il rentre pour moi.          En mangeant, il dit à sa femme qu’il est rentré pour changer de chaussures.          Changer de chaussures, pourquoi ( elle demande ).          Lui, il lui montre ses chaussures qui sont dépareillées, et ça fait pas bon effet au travail.          ( elle rit )          Et puis, ils parlent et ils mangent, puisqu’ il est rentré pour ça. Ensuite, il repart au travail.         Et elle repart où elle est  (chez elle).          Mais, au boulot, il s’aperçoit qu’il a oublié de changer ses chaussures. Tant pis, il se dit, maintenant les jeux sont faits, et il reste dans ses petits souliers jusqu’à ce qu’il retourne chez lui chez elle.


          perte          J’étais mort avant-hier.  Je m’en suis aperçu quand ma chemise a perdu des carreaux jaunes, en sortant de la machine à laver.          stupéfaction          J’ai bien essayé d’aller les chercher dans le tambour mais, à ma grande stupre-effraction, ils n’y étaient pas, même en tournant le tambour en programme essorage.         interdit          Je serais bien allé dans le tuyau, mais ma main gauche a violemment empêché ma main droite d’y aller.  Il m’a fallu jouer les intermédiaires pour éviter un conflit majeur.          majeur          Le majeur justement a dit au majeur  Un jour, j’y arriverai sans toi.  Vivre en empêchant constamment le fratricide, comprenez ma fatigue.         solution          D’accord c’est bancal, mais j’ai trouvé une solution provisoire qui dure.  Je rajoute chaque fois des carreaux rouges puisque je ne trouve plus de jaunes.  Alors j’ai un problème social sur les bras, c’est moins grave (j’ai mon syndicat maison).


          la radio          Sa femme dort quand il se couche. Se colle contre elle.          Ne bouge pas.          Je voulais pas te.          Elle ne dort pas, la nuit, elle écoute la.          Il l’entend appuyer sur les touches.          Tu ne dors pas, pourquoi ?  il  y a quelque chose ?          Sa femme, sa tête dans le creux de son bras, gratte le coude de son pénis. Elle adore tester les testicules.          Il resterait une éternité, mais c’est l’heure.


          le plateau du matin          Il tient dans sa main droite son sein, gauche.          Elle se, elle essaie de se lever. Y arrive.          Il garde le sein dans sa main.          Plus tard, pour prendre le petit déjeuner, il a besoin de sa main gauche.          Elle a besoin de son sein gauche.          Il remet son sein gauche à sa place, clic clac.          Ils boivent un bol chacun de café, arabica.          Le petit déjeuner est un moment délicat, délicieux


          leurre          Elle n’a pas bien dormi ( elle dit ). Réveillée à cinq heures.          Tu feras une sieste. Si tu peux récupérer une heure. Elles sont bien quelque part, ces heures.          ( Elle ) elle s’en va, parce qu’il est l’heure.


          la montre          Au lit, le matin, elle ne peut pas s’empêcher de demander l’heure  Quelle heure est-il ?  (elle demande).          Il prend la montre et la met sur son œil gauche (à elle), 7 h 46. Ensuite, il la met sur son œil droit, 7 h 49. Il se doutait de son problème de latéralité. Mais là . . .  il se demande, vraiment, pourquoi son œil gauche avance les minutes. Veut-il plus vite en finir ?  Il préfère penser que son  œil droit n’est pas pressé. Mais tout de même, il y a un doute, c’est ça qui le taraude.          Chéri, il est 8 h, c’est l’heure de se lever.          Mais 8 h, pour quel œil ( il pense ). Si c’est l’œil droit, il est seulement 7 h 45, et on a encore du temps. Si c’est l’œil gauche, il est 8 h 03, et il faut se dépêcher. 3 minutes le matin, c’est  énorme.          Vite vite, elle dit, on est en retard.          Là, il a compris qu’il doit faire attention à son œil gauche.


          la boîte          Elle tient son pénis gauche dans sa main droite, et se lève avec. Comme elle est droitière, elle doit s’en débarrasser  (ploc, dans sa boîte)  pour faire le café.          Il souille le côté droit du lit avec l’autre (pénis).          Elle sent le café monter dans sa boîte.          Chaque matin, l’amour du café très chaud les unit.


          l’amort          Elle pose son oreille gauche sur son cœur droit, qui se met à battre aussitôt.          Chéri, je sens que tu m’aimes, elle dit.          Content, et n’ayant plus besoin de son cœur gauche (le vrai), il l’éteint, puis il s’écroule.          Elle, n’a plus que son oreille gauche pour  pleurer.          Lui, n’a plus que son cœur droit, pour exister.          C’est toujours triste, l’amour heureux ( c’est une question ) .



          le côté du lit          Il ne peut poser le pied droit par terre, malgré que le lit soit bas. Alors, il pose le pied gauche, et à ce moment, il pense  Je me suis levé du pied gauche, - et il traîne ça toute la journée.          Comment faire pour marcher sans penser au pied gauche. Le mieux serait de ne pas l’avoir, mais voilà, il l’a au bout de la jambe toute la journée. La droite aussi ( il l’a ). Mais ce n’est pas pareil, elle marche sans se faire remarquer. Pourtant, quand il y pense, il se dit  J’ai une jambe droite aussi. Pourquoi le pied gauche ?          Bon, il marche mais ce n’est pas pareil. Il pense toujours qu’il va se lever du pied gauche.          Il faudrait  (il  se dit)  changer de côté du lit. Mais ma f…  com…  concu…          Sa concubine est droitière, et n’a que cette jambe pour se lever du bon pied.          Il se dit  La seule solution est de changer le lit de côté.          (Ils (tous les deux) le font )  et il se lève toujours du pied gauche.


          le pli          Elle s’est pliée en quatre pour lui ( elle dit ).          Et lui, il ne peut la déplier.          Bouge-toi ( elle crie ), fais quelque chose quand même.         Il veut bien, mais voilà, il ne bouge pas. Si je la déplie, elle va se casser dans mes bras. Si je ne la déplie pas, elle va se casser dans d’autres bras.          Alors il choisit, ou plutôt ne choisit pas, de se plier en quatre pour elle.


          la pêche          Il a les cheveux noirs, quand sa moustache frise. Quand elle est taillée net, il frise le ridicule. Mais quand elle défrise, ses cheveux t . . . ( son sexe aussi tombe ) sans savoir de quelle couleur ils sont.          Elle seule, sait qu’ils sont tout blancs.          Ch’vieux, jsuis vieux, il dit. Après, il va à la pêche et là, lui vient l’idée du suicide. Aussitôt  (stupéfait),  il est en érection et court vers  elle. Mais  (tout nu)  son sexe est retombé.          Rhabille-toi, idiot  (elle dit).          Après ça, il va tous les jours à la rivière, où il pêche des érections.


           précipitation          Cette affaire de carreaux, j’en ai à peine dit deux mots à mes amis les vers qu’ils se sont tordus de rire, comme ils en ont l’habitude, pour un rien évidemment.          retour de bâton          J’ai pris une belle veste.  Je n’ai pas eu besoin de me demander comment l’enfiler.  Je l’ai eue, tout simplement.          contrariété          Mais voilà. Vous connaissez la peau des vers.  Eh bien, je suis aussi transparent qu’eux.  Il faut s’habituer.  Mais cette fois, j’ai un problème personnel, et pas seulement sur les bras.


          l’indécision          Il se regarde dans la glace, et il ne voit rien. Il se dit  C’est peut-être la glace.          Elle (dit)  C’est peut-être toi.          Le résultat est   un éclat.


          la cotation          Ils ont finalisé leur fusion, et ils sont fatigués.          Plus tard, il dit  Chéri, tu as fait chuter ma bourse  (ma cotation en bourse).          Maintenant, il faut dormir, elle dit. Comme ça, ta bourse remontera.          Ils se retournent, et aussitôt, ils ronflent (comme des bienheureux).          Ainsi les marchés  (leurs marchés)  sont apaisés.


          l’alarme          Une larme coule sur sa joue tandis qu’elle fait l’amour.          Tu pleures (il demande).          Non, je ne pleure pas (elle répond).          Pourtant, c’est une larme. Une larme bien transparente sur sa joue. Alors, pourquoi (il re-demande).          J’aime (elle dit). Alors, ça sort tout seul.          Il (lui), il.          Il.          Il essuie la larme.          Demain, quand il n’était pas mort, il fait attention, et il n’a pas revu la larme. Depuis, il se demande chaque fois Pourquoi, et si c’est mieux pour elle, avec ou sans larme.


          précocité          Il, en elle, sans à-coup est entré.          Elle, a l’air heureuse, mais c’est un air presqu’ un sourire.          Il bouge en elle presque sourit. Bouge, bouge comme il aime  (lui)  tellement, que vite il. Il jouit trop vite.          Excuse-moi (il dit), c’est venu trop vite pour toi.          Non, ça ne fait rien. C’était bien aussi (elle dit).          Mais c’est un dire, et il se demande quel plaisir elle, a eu.          Tu n’as pas eu assez de plaisir, il dit.          Si, c’était bien quand même (elle dit).          N’empêche quand même, il pense  Attention, attention, pour qu’il y ait d’autres fois.


          arêtes          Arrêtes. ARRETES. Arrêtes, stp  (elle supplie) .          Lui, il.          Il, il arrête. Il faut bien. Puis, il va ailleurs. Entre les orteils.          Non, arrêtes, ARRETES, je te dis  (elle crie) . Désemparé, à côté  (forcément)  il se dit qu’il ne sait pas où se mettre dans toutes ses arêtes.


          l’ampoule          Elle s’allume quand il la tourne, sans toucher un quelconque interrupteur.          Et très vite, elle clignote.          Lui, affolé, se demande  Qu’est-ce que j’ai bien pu faire (au lieu de faire).          Alors, elle s’éteint, sans qu’il ait trouvé l’interrupteur.          Et il reste avec la bourse droite pleine, ne sachant où la vider avant de s’endormir.           (Elle)  elle s’est retournée toute seule, et elle dort.


          les fiches          Il se rappelle qu’elle lui a demandé, après l’amour  Tu  m’aimes ?  Puis, il est allé travailler, pour pouvoir vivre.          Elle (elle)  s’est levée, pour déjeuner pour vivre.          Classant des fiches  (c’est son boulot (oui)), il a bien le temps de penser. Alors, il ne s’en prive pas. Est-ce que je l’aime  (une fiche… deux fiches…etc) . . .  Ah oui, je l’aime. Et il se dit que, voilà, il lui a répondu.


         la chute          Quand il a pensé  J’étais  mort  hier, il s’est dit  Qui t’étais  toi ?  Et là (oui), son sein est tombé de sa bouche (ce fut terrible). Il est venu se coller sur sa poitrine.          J’ai compris que j’étais seul, il dit. Alors, j’ai pensé très fort, et un deuxième  (sein)  s’est collé à côté. Depuis, on est bien ensemble (il s’est dit), parce que l’un est à droite, et l’autre aussi.           Comment les  (1)séparer (?),  (2)déplacer (?) -  comment dire.          La meilleure façon est d’attendre demain.


          sursaut          Je ne suis pas mort, je l’ai vu en remettant ma chemise à carreaux rouges et jaunes.  Finalement, les vers ont mis du leur, ils nous ont avalé nos histoires ( nos films ).  Et ainsi, ils ont pu produire assez de jaune pour que les rouges se tiennent à carreau.          tension          La situation est un peu tendue, mais comme mes épaules gauches ont rétréci, du fait du rire en compagnie des vers et des autres ( morts ), je peux passer les manches sans les déchirer.           reprise          Et maintenant envisager de me passer du t-short noir, qui collait trop aux lambeaux de ma peau.  Finalement, ça sert aussi de mouiller la chemise, on peut la quitter et ensuite la reprendre.           goût          Parce qu’en fait, on est demain.  Hier a duré juste le temps des bobines, et de profiter, pleinement, d’être en terre.  On prend goût à la vie, parce que tout de même, à ce qu’ils nous ont dit, demain est assez court.


C'EST FINI !!!  snif !