5 juin 2011

insurrection des cabanes encore là debout



Jean-Marie Gleize
" Je suis encore là debout et maintenant il pleut,

la pluie tombe, elle tombe, ils marchent et se parlent et la pluie les habille et secoue leurs paupières
ils tombent et se relèvent et se mettent à courir
ils sont pieds nus dans l'eau et la terre
ils dansent ils parlent de joie   joie est le mot qu'ils disent   ils le répètent   joie est leur mot ils ne disent pas d'autre mot que celui-là et la pluie fait briller leurs yeux dans le noir comme ceux des oiseaux,

et l'un d'eux se couche et demande qu'on lui marche sur le visage et la gorge il est maintenant sur le dos il ferme les yeux son habit pèse sur le sol trempé il sent la plante des pieds contre les veines de son cou et contre son visage, il sourit.

Dans la même scène quelques minutes plus tard
ils attendent les uns près des autres collés ils écoutent le bruit cassé cassé de la pluie sur le haut de leurs têtes sur leurs épaules et les genoux pliés
Ils ne savent pas où ils vont
Ils tournent sur eux-mêmes.
 ...

Ils continuent de tourner
immobiles et nus et toupies dans le noir
*


Il faut (il faut construire des cabanes)


Faire de chaque page un poste de tir
Faire de chaque phrase un poste de tir

"L'insurrection est le plus saint des devoirs"
(Robespierre) "

 JEAN-MARIE GLEIZE, Tarnac, un acte préparatoire (p.101, 102, 105), Seuil Fictions & Cie
http://www.seuil.com/fiche-ouvrage.php?EAN=9782021028348 


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